Mon retour d’expérience sur 14 ans d’entreprise artisanale
01/07/2024
Bienvenue dans cette mini rétrospective de mes 14 ans d’entreprise créative. Je vais vous partager mes débuts, mon expérience et je répondrai à vos questions avec plaisir !
- 14 ans, déjà !
- Les 3 choses qui sont absolument géniales dans ce choix de vie
- Les 3 conseils que je donnerai à quelqu’un qui veut se lancer
- Et aujourd’hui, où j’en suis ?
- Se réinventer, toujours
14 ans, déjà !
Ça ressemblait à quoi l’atelier lyonnais au début ?
C’est en 2001 que j’ai redécouvert la pâte polymère. Sans trop me poser plus de question, je me suis mise à fabriquer des bijoux, en loisirs et pour faire mes cadeaux de Noël maison. C’était une activité que je faisais avec peu d’outils. Je me suis formée grâce aux formidables ressources en ligne : les nombreux blogs et les forums sur la pâte polymère.
En ce 1er juillet 2010, quand j’ai validé le formulaire en ligne pour la création de mon auto-entreprise, j’étais loin d’imaginer ou d’avoir planifié ce qui m’attendait. Ni à court terme ni à long terme.
Je sortais de mes longues études universitaires (droit et histoire de l’art), je voulais juste que mon activité de création soit légale et pouvoir vendre en déclarant mon chiffre d’affaires.
Je pensais que cela resterait une activité secondaire. Parallèlement je cherchais du travail (« un vrai travail » terme duquel on rigole avec mes amies créatrices, mieux vaut rire que se vexer de cette malheureuse formulation).
L’évolution des premières années
Rapidement, la passion et la création ont nécessité toute mon attention, mon énergie et surtout mon envie. Je me réveillais bijoux, je mangeais bijoux et je rêvais bijoux !
Au fil de quelques marchés, j’ai rencontré d’autres créateurices, plus expérimentées ou au même stade que moi. Toutes ces rencontres m’ont nourrie et fait grandir.
En rencontrant Cécile, à Corbas, nous évoquons l’idée de prendre un atelier boutique ensemble.
Ce sera rue des trois maries d’avril 2012 à septembre 2018. Mon premir atelier, une seconde maison, partagée en colocation joyeuse avec Cécile Crépellière.
Comment j’ai pérennisé mon entreprise
En plus de l’atelier-boutique, j’ai participé à plusieurs expositions qui ont permis de me faire connaître et j’ai fait développer un site internet qui est devenu une e-boutique dès 2012.
En 2018 je déménage l’atelier au 31 grande rue de la guillotière et j’intègre le collectif « les créatifs ». C’est un lieu qui aura changé d’équipe, changé de nom, vécu les confinements dûs au Covid et où j’ai partagé l’atelier avec Fany Perret jusqu’en 2022 puis Manon en 2023 et depuis 2024 avec Ghislaine et Les Lapins (liens).
Depuis 2021 mon seul point de vente des bijoux à Lyon est la boutique Cobalt.
Ce lieu je l’ai co-fondé avec Patricia, Amandine² et Myrtille, puis Agathe et Praline et Géraldine.
Une joyeuse équipe professionnelle, chacune talentueuse dans leur domaine et nous faisons vivre cette boutique de créateurs en accueillant aussi des artistes en dépôt-vente.
Les 3 choses qui sont absolument géniales dans ce choix de vie
Décider de tout
Je peux (et je dois) décider de tout : Cela signifie que je ne rends de compte à personne qu’à moi-même. J’aime prendre les décisions, faire des paris, tester et assumer les erreurs et les réussites n’en sont que plus savoureuses.
Faire ce que j’aime
J’aime ce que je fais et je fais ce que j’aime : je me rappelle un temps où à la question « que fais-tu dans la vie » j’aimais répondre « moi, je me lève le matin pour aller modeler des millefeuilles miniatures, qu’est-ce que j’aime mon métier ! »
Apprendre en continu
J’ai beaucoup appris de choses au fil des années : comment gérer une entreprise (business), le travail en équipe, mener un collectif, gérer un site internet, faire des photos, apprendre le marketing digital, pratiquer un argumentaire de vente en direct…
Parce qu’une entreprise artisanale, ce n’est certainement pas juste « être quelqu’un de créatif ». Je dirais même qu’avoir un talent créatif est simplement un prérequis, mais qu’ensuite, il faut avoir énormément d’autres casquettes. Pour ce faire, il faut soit se former, apprendre « sur le tas » (c’est moins cher, mais plus long) ou déléguer.
Si vous débutez dans l’entreprise artisanale, je vous invite à découvrir l’accompagnement « le cap » de Myrtille via son entreprise Les Mains.
Les 3 conseils que je donnerais à quelqu’un qui veut se lancer
Lorsque l’on se lance dans une entreprise artisanale, il y a certaines choses dont on n’a pas conscience et qui sont pourtant capitales.
Travailler seule peut être très isolant
C’est pourquoi il est important d’entretenir des liens avec les autres et de bénéficier du partage, des bons plans, des conseils utiles et de nouvelles idées quand on en a besoin.
Il faut savoir se donner un cadre
Cela commence par un balisage, un business plan et un plan d’action. Le plus important étant, d’après moi, de calculer correctement le prix de revient (et son prix de vente). Ces calculs sont essentiels pour assurer la pérennité et la rentabilité d’une entreprise artisanale.
Prendre du repos (et couper vraiment)
Lorsque l’on démarre sa passion, cela exige beaucoup d’investissement personnel : temps, énergie et persistance. On est à fond et le conseil de savoir prendre du repos semble contre-intuitif. Pourtant il faut trouver un bon équilibre en prenant soin de son corps et de son mental, ce qui passe par des moments de repos total. C’est vraiment très important.
Aller nourrir sa créativité à la Fondation Carmignac (Porquerolles (83) pendant les vancances par exemple)
Boucles d’oreilles collection « azulejos » inspirées de voyages : Andalousie, Portugal pour les carreaux et Italie pour le terrazzo
Je n’évoque pas beaucoup les difficultés rencontrées au cours des années car je me rends compte que le sujet est vaste ! Cela pourra faire l’objet d’un autre article, plus tard. Dites-moi en commentaire ou par message si ce sujet vous intéresse particulièrement, je pourrai répondre à votre demande.
Et aujourd’hui ?
J’ai une activité stable, j’ai des routines qui fonctionnent mais je manque de nouveaux challenges. Je dois bien avouer qu’au bout de 14 ans, je ressens un peu de lassitude.
D’année en année j’ai atteint mes objectifs de vie et la course au « toujours plus » n’est ni viable ni souhaitable. Dans la mesure où je ne souhaite pas grossir et devenir patronne d’une pme, j’ai du redéfinir mes objectifs.
J’aime toujours faire des bijoux mais j’aime surtout faire de la miniature et j’aimerais aller davantage vers la fabrication d’objets de décoration (personnalisés) qui raconte votre histoire. Je souhaite reproduire en miniature votre maison d’enfance, ou lieu de vacances, maison de famille ou seulement une pièce, un couloir, la salle de jeu, le salon autour du foyer de la cheminée… Ce qui a le plus de sens pour vous.
Répondre à une commande sur-mesure c’est toujours un plaisir différent de la création car quelque soit l’histoire derrière votre demande, avoir la capacité de mettre en forme une idée a quelque chose de magique.
Se réinventer, toujours
Au cours de la vie d’une entreprise artisanale, rien n’est acquis ! C’est ce qui fait le sel de l’aventure entrepreneuriale.
Dans l’inconfort, comme tout changement, il faut parfois se remettre en question au bout de plusieurs années. C’est précisément ce qui m’arrive en cette 14ᵉ année. J’ai commencé par accepter, sans me culpabiliser, que même en exerçant un métier dit passion, on a le droit de se sentir un peu à côté de la plaque parfois et que l’exigence et la régularité requises peuvent être lourdes à porter.
Aujourd’hui mon entreprise n’est plus simplement « modeler des mille-feuilles toute la journée » comme ça a pu l’être. J’accepte comme règle du jeu qu’il faut aussi assurer les tâches qui me plaisent moins. Heureusement, je suis bien entourée, conseillée et je peux poursuivre en prenant les bonnes décisions pour moi. J’ai redéfini mes envies et mes objectifs et je me dessine une nouvelle feuille de route.
En conclusion, ces 14 années de création et d’entrepreneuriat m’ont permis de développer ma passion pour le modelage miniature, mais aussi les défis et les joies qui accompagnent la vie de travailleur indépendant.
Comme j’aime le dire souvent : j’ai un pied dans la création et un pied dans l’entreprise.
Une entreprise artisanale qui « tourne » doit trouver cet équilibre selon moi.
J’ai appris l’importance de la communauté, de l’organisation et de l’équilibre entre vie perso / vie pro.
Même si mon parcours pourrait m’emmener vers de nouveaux horizons, je reste ouverte aux échanges et aux partages d’expériences. N’hésitez pas à me contacter pour discuter de votre propre parcours ou poser vos questions.
Créativement,
Marie.